Les achats responsables de bois
par Catherine AUGUSTE
ancienne élève des Beaux-Arts de Paris
désigne et décore des cabinets de curiosités |
Le bois réunit de nombreuses qualités : matériau écologique, il
stocke du CO2 contribuant ainsi à lutter contre l’effet de serre ;
matériau renouvelable, sa production peut être sans limite ;
matériau transformable, son utilisation est multiple du papier à la
construction en passant par l’ameublement où il occupe la première
place.
Cependant la simplicité de ses transformations et comme son
omniprésence dans la nature ne doivent pas nous faire oublier sa
fragilité. Les dégâts causés par les déforestations tropicales,
dégâts tant environnementaux qu’humains, marquent la prise de
conscience de comportements irresponsables à la fin des années 70 ;
plus près de nous, le spectacle des forêts affectées durablement par
les pluies acides révèle une nouvelle fois l’emprise de l’homme sur
la nature.
Pour tenter d’enrayer ces destructions, des ONG environnementales
(WWF, Greenpeace et Amis de la Terre) créent une certification de la
filière bois en 1993 : le système FSC qui vise la gestion durable
des forêts. En 1999, un autre système de certification adapté au
morcellement de la forêt européenne, le système PEFC, lui emboîte le
pas. Les certifications, écolabels et normes NF se multiplient et
participent chacun à leur manière au développement durable de la
filière bois. et nous guident dans cette démarche responsable.
Voyons comment participer à cette démarche responsable à notre
niveau. |
La forêt française en pleine expansion
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Contrairement aux idées reçues, la forêt
française est en pleine expansion : il y a plus de bois produit que
de bois consommé. Malgré cela la France reste le premier importateur
européen de bois tropicaux.
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Encourager l’utilisation des bois locaux
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75% de la surface de la forêt française sont
constitués de forêts morcelées, sous-exploitées et privées. Depuis
bien longtemps la France n’a plus de forêt primaire c’est-à-dire une
forêt qui n’a pas été abîmée ou modifiée par l’influence humaine du
moins depuis quelques siècles. Récolter davantage est donc possible.
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La qualité des bois locaux
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Nous avons en Europe des espèces d’arbres dont
la durabilité (sans traitement) est comparable à celle des bois
tropicaux : le chêne, le châtaignier ou le mélèze. D’autre part les
procédés traitant la durabilité du bois ont fait de grands progrès :
par exemple l’hydrophobation, procédé récent, permet d’augmenter la
résistance des bois naturellement peu durables (sapin, hêtre) aux
insectes et aux champignons.
Pour en savoir davantage sur l’hydrophobation
http://www.inra.fr/les_recherches/exemples_de_recherche/le_traitement_a_coeur_du_bois |
Le bois, un outil de développement local
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Organiser la filière bois c’est s’inscrire dans
le développement durable et l’aménagement du territoire car les
métiers du bois, souvent organisés en entreprises de petite taille,
dépendent fortement les uns des autres : la coupe, la taille en bois
d’énergie, les industries de papier, les parqueteries… produisent
des déchets qui peuvent être valorisés en lamellés-collés ou médium.
Mais nous avons encore beaucoup à faire dans la
sylviculture et la transformation des produits afin que les mélèzes
des Alpes ou les pins des Landes gagnent en qualité et en
homogénéité. Nous éviterions ainsi des importations de bois de Nord
qui sont présents dans nos régions. |
Faut-il dénigrer les bois importés ?
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Dans une démarche jusqu’au-boutiste de
développement durable on pourrait n’acheter que du bois local. Le
circuit ainsi raccourci limite les transports démesurés. Autres
effets : les métiers se réapprennent, se requalifient ; dans le même
temps nous redécouvrons des essences qui parce qu’elles n’évoquaient
aucun imaginaire exotique, avaient été délaissées. Nous recommençons
à apprécier ce qui nous entoure.
Cependant les bois exotiques ne peuvent être
totalement boycottés car cela priverait les populations qui en
dépendent de ressources. Malheureusement trop d’exploitations
forestières tropicales sont industrielles, nationalisées ou
concédées à des entreprises étrangères qui se trouvent en conflit
avec les populations locales (privation des droits fonciers ou taxes
détournées sur ces droits). Il y a encore peu de foresterie
communautaire qui consiste en un mode de gestion valorisant la
production de bois par les populations locales. |
Les certifications de la filière bois, des remèdes ?
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Face à ce contexte, les certifications se sont
multipliées, on en recense une bonne quarantaine dans le monde,
cependant deux grands systèmes se distinguent autour de 3
principes : une gestion écologiquement durable, socialement
soutenable et économiquement rentable.
1/ le système FSC, Forest Stewardship Council (en Français
Conseil de bonne gestion des forêts)
Créé en 1993 suite au sommet de Rio à
l’initiative d’ONGe comme WWF, Greenpeace ou les Amis de la terre,
pour tenter d’enrayer la destruction des forêts tropicales.
Rapidement ces associations ont exigé que les grandes centrales
d’achat (Castorama par exemple) s’approvisionnent en produits
certifiés FSC. La certification FSC repose sur la propriété, elle ne
permet donc pas de remettre en cause l'exploitation industrielle des
forêts primaires ni de distinguer un bois issu d'une forêt
communautaire, d'un bois issu d'une exploitation industrielle
2/ le système PEFC, Program for the Endorsement of Forest
Certification Schemes (en Français Programme de Reconnaissance des
Certifications Forestières)
Créé en 1999 par des forestiers et des
industriels européens pour développer un système de certification
adapté au morcellement de la forêt européenne. La certification PEFC
s’intéresse à la région ce qui est plus judicieux étant donné la
faible surface moyenne par propriété.
Ces certifications nous apportent la garantie
que les bois en vente ou utilisés dans un produit sont issus de
forêts gérées durablement. C’est peut-être le minimum que nous
pourrions exiger en achetant du bois.
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Quelques liens
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