Dans la liste
ci-dessous sont évoqués les matières
colorantes qui ont servi et servent encore à la constitution des
jaunes. Ces matières colorantes peuvent être de nature différentes
:
- des pigments pour la peinture,
les pigments sont des poudres colorées d'origine minérale dispersées
dans un milieu où elles sont insolubles, la peinture
- des colorants pour la teinture des
textiles,
les colorants sont des composés colorés solubles dans le milieu
d'emploi. Ce sont des molécules organiques provenant de plantes, de
lichens ou d'animaux et aujourd'hui parfois synthétiques
- et des laques pour la peinture afin de pallier à
la relative pauvreté de la palette des couleurs offerte par les
pigments minéraux.
Une laque est une poudre minérale blanche teintée à partir de
colorants.
Auréoline : Connu
sous le nom de jaune de cobalt. Il a une grande transparence,
s’utilise en couche mince, peu solide aux acides et aux
alcalins. On le trouve dans les couleurs fines pour artistes
à l’eau
Camomille des teinturiers,
Anthemis tinctoria : Plante vivace dont on utilise les fleurs et les
feuilles pour obtenir des jaunes citron, jaune d’or, orangés.
Très utilisé en Turquie pour la teinture des tapis.
Chromate
de baryum : Pigment jaune utilisé pour les couleurs fines.
Gaude ,
Reseda luteola : Plante herbacée avec petites fleurs en grappes.
La matière colorante est la lutéoline qui donne un jaune très
pur allant du jaune paille au jaune citron. La gaude a bénéficié
d’une culture intensive jusqu’à la fin du XIX° siècle
avant d’être supplanté par les colorants de synthèse.
Utilisé pour la teinture et parfois en laque.
Genêt
des teinturiers : Buisson épineux à fleurs jaunes qui permettent
d’obtenir différents jaunes, dorés et intenses. Utilisé
pour la teinture des laines.
Graines
d’Avignon,
Stil-de-grain : Fruits verts séchés du nerprun des teinturiers
très utilisés jusqu’au début du XIX° siècle comme laque
jaune à usage textile et alimentaire et également par les
peintures en miniature. C’est le stil-de-grain qui manque de
solidité à la lumière.
Autres appellations des graines d’espèces de nerprun :
graines de Perse, d’Espagne, d’Italie, du Levant, de
Hongrie, de Morée.
Jarosite : Terre jaune pâle contenant des sulfates
de fer, de potassium et de sodium, utilisée dès l'Antiquité
Égyptienne dans la peinture des sarcophages.
Jaune de benzidine : Pigments diazoïques fabriqués à partir
de dérivés de benzidine. Peu employé par les peintres par
manque de solidité à la lumière. Utilisé pour la
coloration du caoutchouc.
Jaune de Berri (ou Berry) : Ocre jaune en provenance de cette région.
Synonyme : le jaune de France désignait jadis des ocres
provenant de gisements berrichons
Jaune de cadmium : La première commercialisation du jaune
de cadmium date de 1830. Aujourd’hui les cadmium vont du
jaune citron au rouge bordeaux. Les jaunes et les jaunes orangés
sont des sulfures de cadmium. Couleur de très grande vivacité,
d’une excellente tenue aux températures élevées et
d’une bonne compatibilité avec les autres pigments. Toxique
quand il n'est pas artificiel.
Jaune de chrome : A la fin du XVIII° le chimiste Vauquelin
analyse un échantillon d'un minerai rouge orangé découvert
en Oural. Il y détecte un nouveau métal qu'il isole et nomme
chrome, qui signifie couleur en grec, à cause de sa tendance
à donner des sels de toutes les couleurs. L’introduction du
chromate de plomb comme pigment se fait au début du XIX° siècle.
Il est d'un beau jaune vif qui manquait à la palette des
peintres, d'une bonne opacité et résistant à la lumière.
Les couleurs vont du jaune vert au jaune orangé. Ils présentent
l'inconvénient de la toxicité.
Jaune Hansa :C’est un pigment de synthèse azoïque
de tonalité allant du vert-jaune à l’orangé. Les premiers
pigments azoïques ont été découverts en 1858 et étaient
destinés à la teinture des textiles. Ils forment
aujourd’hui une classe très importante des pigments pour
les peintures et les encres. Totalement insoluble dans
l’eau, résistant aux acides et aux bases, d’une bonne
solidité à la lumière.
Jaune indien : Utilisé aux Indes dans les miniatures à
partir du XV° siècle, aux Pays-Bas dès le XVII° siècle.
Le centre de production était au Bengale où des éleveurs
nourrissaient leurs bovins de feuilles de manguier ce qui
donnait une coloration jaune à l’urine des animaux.
Recueillie, évaporée, filtrée, la matière colorante était
expédiée à Calcutta. Le jaune ainsi obtenu était d’un
jaune doré, transparent et d’une très belle profondeur.
Les vaches étant sacrées, la production de ce jaune est
interdite depuis longtemps. On ne dispose plus que
d’imitations produites à partir d’aniline.
Jaune de Mars : Solution de sulfate ferreux précipitée
par une lessive alcaline donnant une belle teinte jaune brunâtre.
Couleurs très solides, d’un prix modéré et ayant une
action anti-rouille, utilisées dans la peinture d’art.
Jaune minéral : Préparé par Turner à partir des
oxychlorures de plomb.
Synonymes : jaune de Turner, de Cassel, de Kassier, de
Vérone, de Montpellier.
Jaune moyen : Laque à base d’alumine teinte par un
colorant azoïque de synthèse. Assez solide à la lumière.
Jaune de Naples : Mélange d’antimonite et
d’antimoniate de plomb. Pigment jaune utilisé dans les céramiques
de l’ancienne Egypte et de la Mésopotamie.
Au XVII° siècle, les Italiens préparent à partir d'un minéral
antimonié présent sur les pentes du Vésuve, un jaune dit de
Naples qui sera produit ensuite artificiellement. Remplacé
par des mélanges de jaune de cadmium avec du blanc, il
cessera d’être fabriqué dans les années 1970.
Jaune d’outremer : Chromate de baryum. Jaune clair d’un
bon pouvoir couvrant utilisé pour les papiers peints et la
peinture artistique.
Jaune de plomb et d'étain : Le jaune de plomb et d’étain
était employé par les artistes peintres du XIV° siècle au
XVIII° siècle. C'est un stannate de plomb qui a la couleur
jaune vif de l'orpiment et présentant une faible toxicité.
Remplacé par le jaune de Naples progressivement.
Jaune de zinc : Chromate de zinc et de potassium. D’une
excellente solidité à la lumière, gamme allant du jaune
citron à l’orangé mais les pouvoirs colorant et couvrant
sont inférieurs à ceux du jaune de chrome.
Massicot : Pigment de protoxyde de plomb utilisé
jusqu’à la fin du XVIII° siècle.
Synonymes : sandaracque, sansarace.
Orpin ou orpiment : Sulfures d’arsenic rencontrés à l’état
naturel ou aussi produits artificiellement. D’une belle
teinte jaune d’or et connus depuis le deuxième millénaire
avant J.C. Abandonnés depuis l’arrivée des pigments de
cadmium au XIX° siècle.
Synonyme : jaune d’arsenic.
Quercitron : C’est l’écorce d’une chêne d’Amérique du Nord
dont la matière colorante le quercitrin a été introduite en
Europe au XVIII° pour la teinture des cotons. Au XIX° on en
fait des laques jaunes pour les papiers peints. Couleur
jaune vert.
Rutiles (jaunes) : Pigments minéraux jaunes, jaune vert à
orangé et brun. Pouvoir colorant faible, pouvoir opacifiant
convenable, solidité supérieure à celle des jaunes de
chrome.
Safran : Utilisé pour la teinture depuis plus de
3500 ans. La matière colorante est la crocine qui provient de
la fleur d’un crocus. Les couleurs obtenues sont jaune
soufre et jaune orangé très belles mais peu solides.
Sarrette des teinturiers : Plante vivace de l’Europe centrale et méridionale
donnant de belles et solides couleurs allant du jaune citron
au jaune d’or pour la teinture des textiles.
Vanadate de bismuth : Pigment jaune vert récent (fin 1970)
ayant de bonnes qualités de vivacité, d’opacité et de
tenue à la lumière |