La petite histoire de l'Armoire
De l’antiquité au Moyen-ÂgeLe mobilier ne date pas d’hier, il remonte à
la préhistoire au moment où l’être humain devient sédentaire.
L’art mésopotamien, qui date de –6000 à –600 avant J.C., a
permis la création de la roue. Ce qui laisse supposer que les
mésopotamiens ont
peut être utilisé le tour à bois. En ébénisterie, ils ont
participé au développement des techniques d’assemblages à joint
vif, à mi-bois et à queue d’aronde. Leurs meubles étaient
fabriqués en bois, en métal et en roseau.
L’armoriumC’est à cette époque que l’on voit apparaître l’armorium ;
un meuble romain avec des étagères intérieures, fermé par deux
vantaux situés sur sa façade. Ce meuble est directement l’ancêtre
de l’armoire actuelle. L’armorium était utilisé pour ranger
les tissus et les vêtements. L’armoire en EuropeÉvolution directe de l’armorium romain, l’armoire du Moyen-âge est largement utilisée dans les couvents et les églises, caractérisant ainsi les sacristies. Ce n’est qu’au XVe siècle qu’elle intègre le mobilier de maison, où dans une version de dimensions réduites par rapport à celles d’origine, elle vient remplacer les coffres pour le rangement des vêtements. Dans les premières décennies du XVe siècle, une nouvelle variété d’armoire fait son apparition : aux côtés du modèle traditionnel comportant un seul grand espace de rangement clos par deux battants, se répand également une armoire à deux corps superposés, munie de quatre vantaux. La sortie de ce nouveau modèle souligne l’importance de la diffusion de ce meuble (appelé Schrank en Allemagne), que l’on adapte aux besoins des uns et des autres. Cette version à deux corps sera à l’origine de toute une série de meubles-contenants se superposant les uns aux autres, qui vont se déployer au cours des époques suivantes.
Dans les maisons flamandes, l’armoire, appelée Kast,
compte parmi les meubles les plus importants; l’appellation de
Kast est cependant un nom commun, car elle indique des
meubles-contenants variant du cabinet au buffet. Au grand siècle du roi SoleilD’une manière générale, les caractéristiques du mobilier Louis XIII demeurent vivaces et l’influence prononcée du goût italien assure le succès dominant des meubles plaqués d’ébène, incrustés de bois précieux ou de pierres rares.
À l’image de l’ensemble des arts décoratifs, le
mobilier est placé sous la tutelle de la Manufacture royale des meubles de la
Couronne fixée aux Gobelins avec à sa tête Le Brun. Ce dernier insuffle un style homogène encore fortement marqué par la
surcharge italienne, régi par l’ampleur des lignes et un
sens rigoureux de l’ordre et de la symétrie.
André-Charles Boulle est le principal artisan de ce changement radical qu’il met en œuvre grâce à ses talents d’ébéniste et de marqueteur. Ailleurs en Europe, les armoires continuent de se présenter sous une forme architecturale traditionnelle, caractérisée par des colonnes, panneaux et moulures, comme en Allemagne et en Hollande. Parmi les modèles italiens, on note des armoires peintes, parfois en trompe-l’œil. À l’époque du RococoEn Angleterre, en raison de sa taille généralement
importante et massive, l’armoire est parfois remplacée par un
placard s’intégrant aux boiseries des parois. Lorsqu’il se
trouve à l’un des angles de la pièce, il est appelé corner
cupboard.
Aux Pays-Bas, l’armoire de représentation se compose également
de deux parties, dont la base qui comporte un ou plusieurs tiroirs
interpelle la forme du cabinet. À l’âge du Néo-classicismeL’armoire, autrefois massive et encombrante diminue ses dimensions et vient meubler les plus petites pièces des appartements privés. Elle modifie parfois sa fonction en s’enrichissant d’une vitrine à deux corps qui peut abriter des objets précieux. À la place du verre, les vantaux peuvent être équipés d’un léger treillis de laiton. Par contre, l’Angleterre de l’époque, apprécie notamment les wardrobes, les armoires destinées au rangement des vêtements.
À cette même époque, Venise acquiert une grande notoriété
pour sa production de meubles laqués. La laque, gomme-résine
originaire d’Extrême-Orient, nécessite une technique
d’application particulièrement délicate. Le support est
d’abord enduit d’une couche parfaitement uniforme. La personne
qui procède au laquage exécute ensuite, sur ce fond lisse, des
motifs décoratifs de diverses couleurs : animaux, fleurs,
chinoiseries, à la tempera. Finalement, les effets de transparence
surviennent par l’application successive de nombreuses couches de
laque (plus de 15), qu’il faut laisser sécher et polir
soigneusement au fur et à mesure qu’elles sont appliquées. Les
laques vénitiennes d’origine présentent des craquelures tout à
fait analogues à celles que l’on retrouve sur les tableaux
anciens des arts visuels.
Pour la fabrication des structures, les menuisiers choisissent des essences de bois de plus en plus précieuses; en effet, si d’une part, les parties structurelles laissées apparentes se font plus nombreuses, d’autre part, la finesse des nouvelles lignes du mobilier nécessite des matériaux de première qualité, afin de ne rien perdre en solidité. Les essences les plus répandues sont le noyer et l’acajou, que l’on laisse à l’état naturel, le hêtre, peint ou doré, le chêne, pour les armoires et les meubles de taille imposante ou bien encore le poirier, l’orme, l’olivier et le cerisier. Lorsque le bois n’est pas laissé dans sa teinte naturelle, le décorateur procède à la dorure (ou à l’argenture) et enfin au vernissage qui se fait avec une ou deux couleurs, blanc seulement ou bien blanc et bleu ou encore vert et bleu, en fonction de l’environnement dans lequel le meuble sera placé. Dans la première moitié du XIXe siècleLa société subit des changements structurels radicaux, en
lien avec les progrès technologiques et industriels qui déterminent
une crise profonde au sein d’une économie jusque-là fondée
exclusivement sur le travail manuel. Les artisans sont de moins en
moins capables de réaliser des meubles avec les techniques
artisanales traditionnelles en demeurant concurrentiels sur le plan
du prix de revient. La production en série, réalisée à l’aide
de machines de plus en plus perfectionnées, a tendance à banaliser
l’aspect créatif, ayant comme seule préoccupation la technique
de construction et le rythme de production. Cela empêchera la création
de produits et de formes nouvelles. La mode des meubles reconstruits
fait son apparition. Il s’agit de meuble dont le bâti est ancien
pour lequel des essences claires (érable, citronnier et cerisier)
sont utilisées pour le fond, où est appliquée une marqueterie de
couleur contrastée, généralement en bois d’amarante. Meubles Second EmpireLa fonctionnalité des meubles connaît de nombreux
perfectionnements. Les proportions des meubles sont nettement adaptées
à leur usage. La réduction progressive de la taille des
appartements urbains incite les fabricants à proposer des meubles
multifonctions de plus en plus sophistiqués. L’armoire est
souvent équipée de deux glaces – parfois trois – au lieu
d’une, pour offrir une image plus complète de soi. Les cinquante premières années du XXe siècleLes meubles se transforment plus profondément et plus
radicalement qu’au cours des autres périodes de l’histoire.
D’innombrables facteurs sont conjointement responsables de cette
transmutation rapide : la sophistication des technologies, le développement
de nouveaux matériaux, la primauté de l’architecture et du design,
etc. L’accent est mis sur la recherche et l’expérimentation en
vue de produire industriellement un mobilier de série désormais
accepté. Par l’emploi des structures métalliques et du verre, le
mobilier devient de plus en plus léger, de plus en plus
transparent.
La naissance du DesignVers la fin du XIXe siècle, à peu près partout en Europe, se manifeste la volonté de tirer un trait sur l’académisme qui pèse sur l’art. Les arts décoratifs se libèrent des influences du passé. Les architectes sont les premiers à ressentir cette aspiration à un renouvellement de l’environnement de la vie quotidienne. Les édifices qu’ils construisent, s’inspirent des conceptions les plus modernes de confort et de fonctionnalité. Les décorations d’intérieurs et l’ameublement doivent donc être apparentées.
Modernisme et PostmodernismeLa symbolique ou le statut social de l’objet a désormais beaucoup plus d’importance que sa fonction réelle. La demande frénétique de nouveautés de la part du public contraint quelque fois à puiser dans les formes du passé en privilégiant les solutions technologiques, parfois au détriment des solutions formelles. En ce qui a trait à l’armoire, même si la logique de sa fonction l’a toujours voulu pratique, rationnelle et plus ou moins expressive, elle cherche à sortir des limites étroites dans lesquelles l’avait confinée l’usage, tout en veillant à ne pas nuire à ses qualités propres. On assiste à la naissance d’armoires de ligne moderne qui ne veulent ni s’intégrer ni disparaître, mais revendiquer, avec assurance, un droit de citer mérité par une présence utile ou simplement, nous raconter une histoire…
Bibliographie Etude
des styles du mobilier Histoire
du mobilier
Les
styles du mobilier Les
styles Français. Guide historique Le
mobilier du XVIIIe siècle à l’art déco Le
mobilier domestique, tome 1 : vocabulaire typologique Moyen
Age, Renaissance Régence
Louis XV
Mobilier
Transition, Louis XVI Art
Nouveau 1900 Mobilier
Français : 1960-1998
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