La finition du bois d’hier à aujourd’hui
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Céline
Dubord Ebéniste diplômée en techniques des métiers d’art Présidente de l’Institut Québécois d’Ebénisterie |
Cet ouvrage traite, comme son titre l’indique, d’un aspect important de l’apprentissage de l’ébénisterie, la finition. Destiné d’abord aux enseignantes et enseignants ainsi qu’à leurs élèves, il s’adresse aussi aux artisanes et artisans, qui pourront, grâce aux conseils pratiques et aux méthodes d’application suggérées, réaliser des finitions qui sauront mettre en valeur leur travail. Les auteurs abordent ici le plus large éventail possible de types de finis et de méthodes pour les appliquer. De plus, ils accordent une attention particulière aux questions touchant la santé et la sécurité des personnes travaillant en ébénisterie. Par ces qualités pédagogiques indéniables, ce manuel devrait inciter les lecteurs et lectrices à consacrer les efforts nécessaires, en fin de parcours, pour donner à leur ouvrage tout l’éclat et toute la noblesse qu’il mérite.
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La finition de meubles est un domaine passionnant, mais elle comporte sa part de dangers pour la santé et la sécurité des personnes s’adonnant à cette composante de l’ébénisterie où la fréquence des accidents reste très élevée. Dans ce manuel, nous avons tenté de présenter le plus clairement possible les consignes de sécurité à respecter quand il s’agit, par exemple, de manipuler des produits chimiques dangereux ou de se débarrasser après utilisation, des résidus de ces produits, ou encore, de rendre un lieu de travail sécuritaire. De façon générale, il convient de rappeler que les produits dangereux doivent être conservés dans des contenants prévus à cet effet et placés hors de la portée des enfants et d’autre part, il n’y a qu’une seule façon d’éviter les coûts et les pertes qu’occasionnent les accidents de travail et les maladies professionnelles : la prévention. En matière de prévention, il existe des mesures individuelles (vêtements, lunettes protectrices, gants de protection, respirateurs) et collectives. Parmi les mesures collectives, la ventilation est une priorité et le chapitre 1 traite du sujet. Les mesures de protection propres à l’utilisation de produits particuliers sont mentionnées tout au long des chapitres. |
Il existe plusieurs étapes à suivre avant de procéder à la finition d’un meuble. Ces opérations préparatoires sont cruciales et constituent la seule garantie d’un bon résultat final. Les imperfections sur un meuble ne sont pas masquées par la finition. Bien au contraire, celle-ci les fera ressortir. Dans ce livre, vous apprendrez comment effectuer les petites réparations les plus courantes avant de procéder à la finition. Le ponçage fait aussi partie des étapes de préparation des surfaces. Il a pour but d’éliminer les traces laissées par les machines-outils, le façonnage ou les ponçages antérieurs. Le remplissage est une technique utilisée en ébénisterie
pour camoufler les imperfections du bois sur un meuble, à
l’aide d’une pâte fabriquée artisanalement ou de façon
industrielle.
La manipulation du bois ou l’utilisation de certains bois
exotiques huileux rendent nécessaire un dégraissage des
surfaces avant de procéder à la finition. Plusieurs produits
sont conçus à cette fin.
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Au 18e siècle, le chercheur russe Lowitz
observe que le charbon de bois et les os carbonisés ont un pouvoir
décolorant sur les liquides. En 1789, la décoloration par le chlore
est découverte par le chimiste français Berthollet, et
perfectionnée en 1794 par Descroizilles et en 1824 par Gay-Lussac.
Aujourd'hui encore, les ébénistes choisissent souvent d'utiliser un
décolorant avant d’effectuer la finition. Lorsque vous choisissez d’éclaircir ou
d'uniformiser la teinte d'un bois naturel ou décapé et que l'acide
oxalique n’est pas assez puissant pour fournir la décoloration
voulue, il est préférable de faire appel à un éclaircisseur à deux
composants. Conditionnés dans deux flacons, clairement étiquetés A
et B ou 1 et 2, le premier contiendra un alcali et le second de
l'eau oxygénée (peroxyde d’hydrogène 30 % vol.). Auparavant,
l’alcali le plus utilisé était l’ammoniaque. Parce que celui-ci est
irritant et corrosif, qu’il peut occasionner des brûlures graves de
la peau, des cicatrices sur la cornée ou la perte de vision, de la
toux, des essoufflements, des douleurs à la poitrine, de l’œdème
pulmonaire (eau sur les poumons) se manifestant dans les 48 heures
suivant une exposition, on le remplace par de l’hydroxyde de sodium.
Note : Ne mélangez jamais les deux composants et utilisez pour chacun un pinceau de fibres inaltérables marqué A ou B. Ne portez pas de verres de contact lors de l’utilisation de produits à deux composants et protégez la peau et les yeux. |
Les bouche-pores sont destinés aux bois à pores
ouverts tels que le chêne, l’acajou, le palissandre, le noyer noir,
le noyer cendré ou les bois ayant des gerces comme le bois de rose
et la loupe d’orme. Ils donnent un fini lisse et doux. En finition industrielle, les produits sont faciles d’emploi, mais
demandent aussi temps et dextérité. L’emploi de produits industriels
nécessite parfois plusieurs applications, deux ou trois essuyages
ainsi qu’un ponçage final. Ils sont généralement vendus prêts à
l’emploi, sous la forme d’un mélange de poudre extrêmement fine, de
solvant, de liant et de pigments.
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Les techniques pour vieillir le bois
prématurément sont très variées. Les premières ont été utilisées sur
le mobilier par les Japonais, il y a plusieurs siècles. Dans les
pays occidentaux, la technique du vieillissement a été très à la
mode dans les années 1960. Aujourd'hui, vous pouvez l’envisager de
deux façons : le vieillissement de la texture du bois et le
vieillissement à l'aide de fausses patines. L'utilisation de l'une
ou de l'autre de ces techniques vous dispense du rasage au racloir
des fibres hérissées. Vous devez prendre note que certains bois
deviennent plus foncés en vieillissant tandis que d’autres
palissent. Si vous voulez assombrir des essences de bois dur, vous pouvez utiliser le chalumeau. La méthode consiste à faire roussir légèrement le bois en surface; pour faciliter ce travail, vous ramollissez auparavant le bois, en l'imprégnant d'acide chlorhydrique ou d'ammoniaque étendu au pinceau. Vous devez travailler la surface du bois uniformément et progressivement. Pour terminer le vieillissement au chalumeau, frottez le bois à la brosse métallique, puis au tampon de laine d'acier pour en éliminer les parties carbonisées et donner de l'éclat aux parties les plus brûlées. Si vous désirez ensuite teindre votre meuble, il faut avoir recours à des produits décolorants ou vous limiter à l'emploi de teintes assez claires. Cette technique est utilisée en création, mais n’est pas indiquée en reproduction de meubles ou en restauration. Le jet de sable ne sert peut-être pas au décapage en ébénisterie, mais il est parfois utilisé pour vieillir le bois artificiellement. En utilisant cette technique, vous obtenez une texture similaire à celle du bois qui s'érode sur une plage de sable. Lorsque vous choisissez d'utiliser la méthode du jet de sable, il faut bien calculer la durée du processus pour ne pas endommager les parties les plus fragiles du meuble. Il est pratiquement impossible de vous renseigner sur le temps d’application puisqu’il y a trop de facteurs à considérer pour être précis. Prévoyez faire plusieurs essais. Une fois que votre meuble a la texture que vous voulez, vous pouvez conserver la teinte du bois ou l'altérer chimiquement en imitant la patine que prend généralement le bois avec l'âge. Vous obtiendrez celle-ci grâce à des substances colorantes qui donnent au bois une teinte plus sombre ou plus pâle. Les résultats sont variables selon l'hygrométrie du bois. Il est préférable de faire des tests avant sur des rebuts de la même essence. Malgré les tests, vous ne pouvez jamais prévoir la couleur définitive, car des variations peuvent se produire au cours d'un même processus d'application. Ne soyez pas surpris de voir des traces blanchâtres au séchage; c'est normal; vous n’avez qu’à nettoyer la surface avec de l'eau et du vinaigre (dans des proportions de 4 parties d’eau pour 1 partie de vinaigre) à l'aide d'une éponge afin que les taches disparaissent, ce qui du coup, arrêtera le processus corrosif. |
La cire est utilisée en ébénisterie à partir du Moyen âge. Les Égyptiens (325 av. J.-C.) s’en servaient en tant que colle et liant pour les peintures. Les Romains et les Byzantins en ont fait aussi grand usage dans les iconographies des VIe et VIIe siècles. Cette technique reprend ses lettres de noblesse au XVIIe siècle. De nos jours, la cire est très peu employée pour la peinture de meubles; elle est surtout appliquée en patine ou en protection finale. |
Chacun des problèmes décrit dans le livre comprend : la définition, la cause, les solutions et les corrections. |
au sommaire : 1/ Aménagement d’un atelier de finition
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