gouache et collage, circa 1920, 122x146 mm
© galerie historismus
gouache, circa 1920, 260x175 mm
© galerie historismus
gouache, circa 1930, 125x130 mm
© galerie historismus |
Présentation de l'exposition par Roberto Polo, Directeur
Artistique
La Galerie Historismus est fière de
présenter une importante et rare collection de soixante
oeuvres originales sur papier par Eileen Gray (Enniscothy,
Irlande 1878-Paris, 1976). Cette collection comprend des
gouaches, collages et des photographies; jamais exposée,
elle couvre une période allant de 1918 aux années 1950. Gray
les a offertes à Peter Adam, son ami, biographe et auteur
d’un ouvrage sur son oeuvre intitulé Eileen Gray,
Architecture et Design à paraître prochainement.
Le travail de Gray comme designer éclipse son oeuvre
pictoriale. Cela est très largement de sa faute. Peintre de
formation, elle a gardé cette activité secrète de tous, sauf
de sa nièce, le peintre anglais bien connu Prunella Clough,
avec laquelle elle échangea de nombreuses lettres sur la
nature de la peinture.
Souvent le secret dévoile plus qu’il ne cache. C’est
précisément le cas dans le travail pictorial de Gray : on
peut y voir clairement son évolution vers la non-figuration,
concept qui, avec l’abstraction, caractérise le mieux l’art
européen du début du XXe siècle.
Ses premières compositions non-figuratives apparaissent dans
ses dessins de tapis. Ceci n’est pas surprenant, étant donné
que la non-figuration dans l’art décoratif européen, précède
de vingt ans au moins, la non-figuration dans les beaux
arts. La raison en est que, dans l’ère moderne, la fonction,
concept non-figuratif, dicte la forme. Le consommateur d’art
comprend donc plus facilement la non-figuration dans l’art
utile que dans celui qui ne l’est pas.
La non-figuration chez Gray naquit de son premier contact
avec l’oeuvre de Gerrit Rietveld, l’architecte et designer
novateur hollandais, qui devint son idole artistique.
Dès ce moment, elle renia son travail précédent, dérivé du
cubisme (une sorte d’abstraction qui avait été explorée dans
la peinture et la sculpture au moins dix ans plus tôt), et
qu’elle décrivit comme celui d’un «décorateur parisien»
obsédé par l’emploi de matériaux précieux, plutôt que par
l’aspect formel de l’art.
Elle dénonça dès lors, les «monstruosités de l’Art Déco»…
Gray était contemporaine de Picasso. Cependant, Picasso n’a
jamais vraiment évolué vers la non-figuration, passant ainsi
à côté de la plus importante révolution artistique de son
temps. Néanmoins, il séduisit le marché de l’art avec une
oeuvre souvent complaisante, qui, comme l’oeuvre pré-Rietveld
de Gray, était facile à comprendre.
Il n’est pas difficile d’imaginer qu’à cette époque où
Picasso dominait le climat artistique parisien, l’oeuvre
pictoriale non-figurative de Gray, plus proche du De Stijl
et du Bauhaus que de n’importe quelle autre production
parisienne, n’ait pu être comprise par beaucoup. Gray, en
toute modestie, savait cela. On ne doit pas oublier que
Paris ne s’est orienté vers la non-figuration pictoriale
qu’après la seconde guerre mondiale, via New York.
Dans sa période post-Rietveld, Gray photographia
pratiquement toute son oeuvre de design. Cependant, ses
photographies n’étaient pas un simple souvenir de sa
création : elles étaient des compositions constructivistes
soigneusement voulues, s’agissant parfois d’objets
quotidiens, que Peter Adam appelle tablescapes.
Influencée par Man Ray et par André Kertész, elle
photographia aussi des paysages domestiques et industriels.
Ces photos sont au moins aussi rares que les dessins.
La Galerie Historismus espère que l’exposition Eileen
Gray : une importante collection de 60 œuvres originales sur
papier fasse connaître un ensemble important et peu
connu de l’oeuvre de Gray, extérieur à l’Art Déco mais dans
le grand courant du Modernisme.
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